Physical Address

304 North Cardinal St.
Dorchester Center, MA 02124

La « hype » soudaine de Karim Bouamrane, dont le nom circule pour être premier ministre

Soudain, il est partout. Karim Bouamrane, qui évolue pourtant dans le microcosme politique depuis trente ans, connaît son quart d’heure warholien. Inconnu du grand public, le socialiste, âgé de 51 ans, a fait une percée médiatique fulgurante à la faveur des Jeux olympiques (JO), qui se sont en partie déroulés sur sa commune, Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis), dont il est maire depuis 2020. Après le jumelage de Saint-Ouen avec Los Angeles, qui va prendre le relais des JO en 2028, le New York Times lui a consacré, le 12 avril, un long portrait, publié à sa une. Ce qui a entraîné une flopée d’articles louangeurs dans la presse étrangère. « Obama von der Seine » (« le Obama de la Seine ») a même titré le quotidien allemand Die Welt.
Le 17 août, un nouveau portrait, publié par Le Figaro Magazine ​​(« Karim Bouamrane, le visage d’une autre gauche »), dans lequel le maire socialiste plaide pour une « coalition » et critique La France insoumise (qui « distribue les bons ou les mauvais points de gauche » et « communautarise le pays au travers du prisme ethnico-religieux »), a suscité des commentaires enthousiastes sur X, de la part de toute une partie de la gauche antimélenchoniste. « Respect », a lancé le président du groupe socialiste au Sénat, Patrick Kanner. « Motivant ! », a lancé l’ex-députée socialiste du Tarn-et-Garonne Valérie Rabault.
« Il se passe toujours quelque chose en Seine-Saint-Denis, territoire de talents, et Karim en est un », appuie l’ex-président socialiste de l’Assemblée nationale Claude Bartolone, quand le cofondateur de SOS Racisme Julien Dray voit « l’excellent maire de Saint-Ouen » comme « la relève de la gauche ». « A star is born », a résumé l’ancien conseiller de François Hollande Gaspard Gantzer, qui voit en lui un futur président de la République. Rien de moins.
Le socialiste dispose de solides appuis, de l’ancien ministre de la ville Jean-Louis Borloo, qui – en privé – le voit aller jusqu’à l’Elysée, au banquier Matthieu Pigasse (membre du conseil de surveillance du Groupe Le Monde), qui vante son sens du « compromis » et la manière qu’a eue son ami de « transformer sa ville, l’apaiser et la rendre attractive ». Il entretient aussi d’excellentes relations avec l’ex-ministre macroniste Clément Beaune, lui aussi favorable à une coalition, à l’Assemblée nationale.
Toutes ces attentions ont fini par attirer celle de l’Elysée, où l’on juge le profil de Karim Bouamrane intéressant. Au jeu des pronostics pour Matignon, fait de leurres et de ballons d’essai, son nom est l’un des plus cités, ces jours-ci. Dans le camp du chef de l’Etat, on rappelle que ce dernier a toujours aimé surprendre : après avoir nommé une femme (Elisabeth Borne), puis le plus jeune premier ministre de la Ve République (Gabriel Attal), la promotion d’un fils de maçon marocain, qui a apporté sa pierre au succès des JO, entrerait aussitôt dans l’histoire. Même si l’intéressé, qui affiche des convictions « universalistes », déteste qu’on le ramène à ses origines.
Il vous reste 42.4% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

en_USEnglish